Après sa nette victoire aux dernières élections générales britanniques, où les Tories ont contre toute attente remporté une majorité des sièges, David Cameron a les mains libres pour exécuter une de ses promesses phares : renégocier les termes de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne, et organiser un référendum sur cette adhésion avant 2017.
Dix années après le traumatisme du non français et néerlandais à la Constitution européenne, le débat institutionnel est de nouveau à l’ordre du jour. Il était temps, car l’architecture de l’UE nécessite une clarification. En tant que Démocrates et Fédéralistes, nous pensons que les Etats membres ne doivent pas avoir peur du débat démocratique, et que celui-ci constitue l’occasion de promouvoir l’Europe que nous voulons, en mettant en avant nos propositions pour plus d’intégration.
Comme préliminaire, il doit être dit clairement à David Cameron et au peuple britannique que l’Union européenne est basée sur un certain nombre de principes intangibles qui sont au cœur du projet européen. Les demandes visant à réduire l’immigration intra-européenne ou à priver les migrants de leurs droits aux prestations sociales ne sont pas acceptables. La liberté de circulation et la non-discrimination entre les citoyens européens ne sont pas négociables. Revenir sur ces principes dans le but d’assurer l’adhésion britannique serait une erreur terrible, un précédent fort dommageable qui donnerait l’illusion de renforcer l’Union européenne tout en en sapant les fondations.
Néanmoins, les partenaires de David Cameron doivent respecter les demandes britanniques, et travailler à ce que le Royaume-Uni reste à l’intérieur de l’Union européenne. A cet égard, le mandat démocratique que lui a octroyé le peuple britannique ne souffre d’aucune contestation. Le Royaume-Uni reste un acteur clé en Europe et dans le monde et son départ affaiblirait toute l’Union. De plus, certaines des revendications de Cameron sont positives, comme son souhait de diminuer la bureaucratie et de simplifier la législation européenne, ou bien sa volonté de renforcer le marché intérieur pour les services.
Mais le plus important, c’est qu’une négociation menée en bonne intelligence avec David Cameron, permettrait aux pays souhaitant aller plus loin dans l’intégration de l’obtenir. Le temps est venu de réinventer l’architecture institutionnelle de l’Union européenne. La zone euro devrait en être le premier cercle avec une intégration économique et politique plus poussée. Un deuxième cercle réunirait alors les pays concentrés sur le marché unique. Ceux qui veulent véritablement bâtir cette union « toujours plus étroite » ne doivent plus être freinés.
Un référendum sera organisé au Royaume-Uni. Dans deux ans, l’Union européenne pourrait se retrouver paralysée par une sortie du Royaume-Uni. Ou bien elle pourrait être plus démocratique, pluraliste et intégrée que jamais. Tous les démocrates et les fédéralistes doivent se faire entendre afin que le deuxième scénario soit le seul à voir le jour.
Vincent Delhomme (@VincentDelhomme)
(Photo: European Commission)